« l’anti-advergaming », un mouvement utilisant le jeu vidéo comme vecteur de critiques à l’égard de grandes sociétés. En manipulant les règles classiques du genre arcade ou gestion, des collectifs de créateurs révèlent le malaise des employés d’une grande chaîne de magasins ou dénoncent la course effrénée au profit à tout prix du géant McDonald’s. Mais toujours avec humour.
A ce sujet Ian Bogost, co-fondateur de Persuasive Games, s’est lui aussi choisi une contre-culture. La sienne est une réaction au phénomène de l’advergaming, des jeux principalement conçus dans le but de promouvoir une marque ou un produit. Là, rien de nouveau : au début des années 90, on pouvait déjà contrôler la mascotte du soda 7Up dans Cool Spot ou batifoler dans un univers peint aux couleurs McDo dans Global Gladiators, deux jeux Virgin supervisés par David Perry, le fondateur de Shiny Entertainment (Enter the Matrix, Path of Neo). Pour Bogost, cependant, la coupe est pleine. “Publicitaires, gouvernements et associations montent des campagnes énormes pour nous montrer ce qu’ils veulent qu’on voie, et nous voulons exposer ce qu’ils cachent,” explique-t-il au magazine Cnet…. La monnaie n’est pas toujours justement appréciée dans l’univers des MMO…
Le game designer a donc décidé de lancer son propre mouvement, justement qualifié d’anti-advergaming. Disaffected, par exemple, place le joueur dans la peau d’un employé de FedEx Kinko’s, une chaîne américaine offrant toutes sortes de services style impressions, accès internet à la minute, envois de paquets, etc. Les règles sont simples : retrouver les commandes des clients et les délivrer avant que ces derniers ne s’impatientent.
A ce petit jeu , le meilleur est sans aucun doute le récent jeu vidéo McDonald’s réalisé par la Molleindustria. Ici, rien à voir avec les gentils Mick et Mack de Global Gladiators, cité plus haut. Après l’avertissement légal confirmant que tout ceci n’est que “produit de l’imagination des créateurs”, le titre annonce franchement la couleur : rouge sang, sous un plateau de hamburgers et de frites. Au travers d’un jeu de gestion finalement pas si simpliste que ça, la Molleindustria se propose ensuite de dévoiler “tous les vilains secrets qui ont fait de nous l’une des plus grosses sociétés dans le monde”.
Injection d’hormones chez les animaux, gestion kleenex des employés, corruption de politiciens ou de nutritionnistes, pression constante des actionnaires pour plus de profits… les développeurs n’y sont pas allés avec le dos de la paille à soda. Mais on n’en attendait pas moins d’un groupe qui ambitionne de libérer le jeu vidéo de la “dictature du divertissement” afin de pouvoir l’utiliser comme véritable vecteur d’idées.
Originally posted 2023-07-04 18:48:23.