Le jeu vidéo s’imposera-t-il comme le nouveau média satirique du 21ème siècle ? On connaissait les activités de gold farming, qui consistent à revendre l’or accumulé contre de l’argent réel à des sociétés comme IGE (exactement comme le fait EA sport pour la vente de crédit FIFA 15 cette année pour le jeu FUT 15), voici donc une nouvelle forme émergente de l’économie des jeux vidéos…
En somme, plus on joue, plus on apprivoise ces règles internes et plus le message du collectif devient apparent : le seul moyen de satisfaire les actionnaires ? et de “réussir” sa partie ? est de se lancer dans une course effrénée au profit, avec un minimum de considération pour des problèmes écologiques, sanitaires ou sociaux. Disaffected, lui aussi, se révèle véritablement après quelques parties. A mesure que l’exaspération gagne, le jeu finit par dépeindre un environnement érodant toute motivation et tout désir de travail efficace, et où l’objectif n’est plus de servir tous les clients mais, au contraire, “d’essayer de satisfaire le minimum de commandes”.
Il reste encore à voir si ce genre de titres peut réellement se généraliser et, à terme, s’imposer comme un vrai média satirique. Outre le risque du procès, les développeurs doivent faire face à des problèmes de temps et d’argent (et de monnaie, virtuelle ou réelle). “Idéalement, les newsgames devraient être publiés chaque jour sur les sites d’actualité,” pense Gonzalo Frasca. “Mais le développement d’un jeu demande plusieurs semaines de travail, et il nous est impossible de nous conformer à un planning de sortie fixe.” Par ailleurs, rassembler des fonds nécessite parfois des compromis avec la même industrie que l’on entend dénoncer. Pour financer la création de ses anti-advergames, Persuasive Games a également dû réaliser des jeux pour Cold Stone Creamery, concurrent d’Häagen-Dazs, ou pour le fabricant d’automobiles Chrysler.
Peut-être la question la plus intéressante concerne la perception de ces jeux militants auprès du public. En sélectionnant une société particulière plutôt que ses concurrentes, n’y a-t-il pas un risque de lui faire une publicité indirecte ? “Je ne suis pas sûr que [ces jeux] aient un effet si négatif que ça sur la marque,” estime Brad Scott, un publicitaire dont la société représente Kinko’s. “On pourrait presque renverser le phénomène en disant ‘Eh bien ! La marque est devenue une telle icône culturelle que l’on nous consacre des jeux vidéo désormais.’”
Originally posted 2023-10-04 19:32:49.