En 2000 François ASCHER a émit l’idée d’une ” société hypertexte ” pour décrire habillement la conjonction société / Nouvelles technologies d’Information et communication.
ces évènements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. essai sur la société contemporaine
Il l’a superbement développée dans son ouvrage ” ces évènements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. essai sur la société contemporaine ” (L’Aube, 2000).
En voici le principal propos résumé par lui-même :
” le processus de modernisation à l’oeuvre dans les sociétés occidentales se poursuit; il fait émerger une modernité nouvelle, plus avançée, caractérisée par plus d’individualisation, de rationalisation et de différenciation sociale; il s’appuie sur une nouvelle forme de capitalisme ; il donne naissance à une société dans laquelle les individus, ‘ pluriels ‘ , ‘ multiappartenants ‘ , participent à des champs sociaux (le travail, la famille, le quartier etc.) de plus en plus distincts et dans lesquels ils agissent de façon différenciées. Ils forment ainsi une société à l’image des hypertextes informatiques (…). Dans la société hypertexte, les individus (mots) changent quotidiennement de champ (textes) dont les structures et les règles (syntaxe) sont différents, et où ils construisent des soi (sens) variés (…). la société se constitue et se représente elle-même à partir des réseaux de mobilités et de relations réelles et virtuelles qui la structurent “. Nous vivons donc un troisième épisode moderne…(p.8)
Ce qui est remarquable aussi dans l’ouvrage c’est la puissante démonstration que déroule le sociologue-urbaniste pour arriver au concept de “société hypertexte” : en effet, la première partie de son ouvrage rassemble en une synthèse jamais réalisée les sociologies de Giddens, de Boudon, de Lahire, de Simmel, de Berger et Luckman …Un régal de synthèse et d’épistémologie de la sociologie contemporaine.
Autre version de cette société hypertexte (p.35) :
” l’individualisation, la rationalisation, la différenciation sociale, qui animent le processus de modernisation, continuent leur oeuvre conjointe, faisant émerger une société encore plus moderne. Dans cette société, les individus, ‘pluriels’, ‘multiappartenants’, participent à une multiplicité de champs sociaux plus ou moins stables : le travail, la famille, le quartier, etc. Ces champs sont de plus en plus distincts mais restent articulés les uns aux autres notament par des liens économiques et culturels. Les individus passent de l’un à l’autre, y engageant des ‘soi’ différents, mais assurant eux-mêmes les liens entre des mondes divers. les individus sont ainsi comme les mots d’un hypertexte informatisé, qui prennent des sens différents selon les textes auxquels ils appartiennent. ces textes peuvent relever de règles linguistiques différentes; pourtant ils forment ensemble grâce aux “liens” numérisés assurés par les mots, un ensemble textuel multidimensionnel et structuré “.
Il avait écrit cet ouvrage en 2000 – presque au même moment où parut le très faible ” Internet, et après ” de D. W. (ce qui nous renseigne sur l’excellence du travail de François ASCHER par comparaison ).
Et même en 2009 n’avons-nous toujours pas trouvé plus intelligent sociologiquement pour expliciter ” l’Internet ambiant ” dirons-nous (ubimedia et autre everyware ne faisant pas le poids ).
Peut-être un (long) résumé de cet ouvrage (avec extraits) sera disponible bientôt sur ce site. en attendant on trouve des textes de François Ascher sur le web :
Le mouvement dans les sociétés hypermodernes, Université de tous les savoirs, 2005
la fresque schématique de la dynamique de la modernisation occidentale et du contexte des trois révolutions urbaines modernes extrait du livre Les nouveaux principes de l’urbanisme – 2001, éditions de L’Aube
Il nous a quittés.
Un hommage lui a été adressé en ouverture du colloque de Cerisy 2009 dont il était un habitué :
Table ronde en Hommage à François ASCHER – [ ouverture du colloque de Cerisy 2009 intitulé ” la sérendipité, dans les sciences, les arts et la décision ” ], Institut pour la Ville en Mouvement, Juillet 2009, Durée :1H 35 minutes
Originally posted 2009-12-05 09:26:02.